Tapir Quartet au Théâtre du Tétard (Marseille 6e) le 12.03.2022
Formé par Guilhem Fontes initialement sous le nom de Khaa Project – embryon à l’actuel Tapir Quartet et auquel un titre fait d’ailleurs clin d’œil – Tapir est une formation avec un répertoire de créations instrumentales. Avec quelques changements inhérents à la vie des groupes et chemins de vie, les compositions de Guilhem se sont enrichies avec celles des trois autres artistes et auteurs qui le composent aujourd’hui : Fred Pichot, Philippe Guiraud et Thomas Bourgeois.
A la source : des imagiers…
Avec le temps et les périodes de résidences, de moments d’échanges avec le public en concerts – perles rares pour le moment (et oui, démarcher et trouver des dates est un challenge pour tous sans distributeur ou producteur…) – ces quatre messieurs ont aujourd’hui un répertoire richement imagé, une belle écoute, une générosité et bienveillance remarquables.
Découverts au feu U-Percut il y a 3 ans presque jour pour jour (le 19.02.2019) – leur premier concert sous cette forme et à Marseille – j’avais été très inspirée en sortant, la preuve étant que j’y ai écrit mon premier poème.
On sent et ressent pour tous les quatre qu’ils ont de la ressource en stock côté imagiers : des paysages, des couleurs, des odeurs, des ambiances retenues de cheminement en roulotte, de cirque itinérant, d’improvisations, d’expériences dans différentes compagnies et spectacles tous publics, de live dans des petites et grandes salles, des extérieurs, du jazz et des musiques plus ou moins traditionnelles, amplifiées, des musiques de films, des jeux d’enfants, des rêves… Ce tapir là a de la ressource pour se nourrir, et il est joueur !
Un répertoire riche
Et le répertoire alors ? A l’image de cet animal étrange choisi pour le nom du groupe, le répertoire de Tapir est un véritable livre d’images, un kaléidoscope : une véritable créature animée car aucun morceau ne ressemble à l’autre. Animal tantôt pensif, tantôt hyperactif, il se nourrit aussi… pour chaque morceau, se racontent une ou des histoires rêvées, réelles, parfois absurdes ; un mythe, une poésie dans l’écriture toujours ouverte à l’imaginaire comme autant de contes. Aucune injonction à comprendre, on écoute en restant sur la piste, en faisant parfois du hors piste… D’une marionnette turque qui s’échappe d’un théâtre, se balade sur des toits, fait des rencontres puis revient, de l’observation d’une nuée de hiboux en passant par le scenario d’un rêve paradoxal pour un serpent, de la marche d’un Attila fantasmé, d’un univers-fiction du règne de tapirs quand l’Homme ne serait plus, de danses orientales, de soirées enivrées à l’alcool de riz entre la Macédoine ou la Mauritanie, des expériences de transes au Maghreb… « Less is more » ? aux interrogations possibles inspirées par une de leur dernière création, je ne suis sûre que d’une chose : j’aime et je voyage. Un vrai bol d’énergies et d’évasions.
Des traces et des suites
Un disque sorti en 2018, enregistré au Pigeonnier à Viens et mixé, masterisé à Bordeaux chez Woldéba Records Studio, reste un excellent support-mémoire vivante de ce que l’on continue d’entendre en concerts (chronique de disque en mai 2020 de Luc Bouquet de l’association Improjazz). Bien sûr, vous pourrez vous le procurer auprès des musiciens… quand ils penseront à les prendre avec eux dans le lot de claviers, clarinette, saxos, basse ou contrebasse, batterie et autres matériels sonores ou d’amplification pour leurs concerts (sourire).
Je ne peux qu’encourager les programmateurs et programmatrices à prévoir Tapir dans leurs futures affiches. Cela redonnerait presque envie de rempiler pour défendre ce riche répertoire (sourire). Et pour le public, profitez de ces moments de poésie à part : rendez-vous à leurs concerts…
- Guilhem Fontes : clarinette, claviers ou piano
- Fred Pichot : saxophones soprano et ténor
- Philippe Guiraud : contrebasse, basse
- Thomas Bourgeois : zarb, batterie
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