Dans le paysage des artistes sur Marseille, il y a des rencontres qui se font en sens inverse : une personne, puis un univers et une artiste. C’est le cas pour moi avec Caroline Guibeaud. D’abord présente sur des concerts comme « amie de… », j’ai appris qu’elle était accordéoniste, puis qu’elle écrivait des textes de chansons. Sa rencontre avec Dilan Roche – entre autres facettes artistiques, violoncelliste – a donné lieu, naturellement et doucement, à la mise en musique des textes de Caroline. Des expériences dans la rue à l’étranger- même avec des titres en langue française, chapeau ! – a fait naître le répertoire du duo : No Man’s Louise est né.
De mon côté, par curiosité, j’avais fait le déplacement au Funiculaire, parmi les premières (la première?) interventions en public avec quelques titres et fait quelques photos à cette occasion. Et malgré l’ambiance de bar à vin, un peu bruyant à mon goût pour ce type de répertoire intéressant à écouter en finesse, le duo m’avait intriguée et les deux jeunes femmes étaient touchantes. La timidité des « premières fois publiques», sur cette fenêtre ouverte discrètement sur leur travail en cours, m’a donnée envie, après discussions avec elles, d’en suivre les avancées.
Donc quand elles m’ont informée d’un travail de résidence à l’AMI pour caler le répertoire (objectif : un set qui se tient, des sons maquettes pour démarcher et prévoir le contenu d’un premier album), vous pensez bien que c’était l’occasion de les encourager, et peut-être les « pousser » à rendre le moment remarquable ou au moins, mis en lumière. A cette période, j’étais souvent présente bénévolement à l’Arthémuse au cours Julien les soirs de jam session. Toutes deux étaient également « du coin » – entre conservatoire, résidence, soirées amicales, lieux de vie – et aussi leurs amis ou « premier cercle » de public comme on dit. Plutôt qu’un showcase dans les locaux de l’AMI pour une poignée de professionnels invités, autant faire les choses en vrai : un concert non ?!
Je me souviens encore de leur réaction première : les yeux qui pétillent d’envie avec un soupçon – verbalisé d’ailleurs – de doute : « mais s’il n’y a personne ? »… La peur du vide, je comprends…. sauf qu’il n’y avait aucune raison que la salle soit vide de mon point de vue, que l’on y mettrait tous du nôtre et que, de toutes façons, c’était une « mise en scène » et mise en jambes nécessaires [sourires].
Un ingrédient supplémentaire que j’ai pu ajouter : la décoration du lieu par Dib création, pour une ambiance plus feutrée et un « cocon » pour le duo (nous avons d’ailleurs assisté à son vernissage quelques jours auparavant).
Le soir même, Jeff Kellner a joué le parrain pour leur gestion de stress et de l’amplification légère de leur son. Lolo, JP tous deux de l’équipe de l’Arthémuse et moi-même avons géré le public et le reste de la soirée. Une cinquantaine de personnes à l’écoute, c’était bien ! Et ce n’était donc pas « vide » (sourires)…
Elles y ont pris goût et assurance depuis : une programmation continue en France, un premier album et des articles de presse. Un public croissant, qui comme moi, accroche à leur univers musical et poétique. Charme à suivre !