Les Oreilles d’Aman, Marseille le 1.12.2018

Les Oreilles d'Aman 6tet photo SabineTostainLes Oreilles d’Aman en sextet, à la Cité de la Musique (Marseille 1er) le 1.12.2018

Les Oreilles d’Aman sont à composition variable et en 2018, une nouvelle forme a été créée : le sextet. Le répertoire de départ, annoncé comme un voyage interprété en répertoire klezmer (« klezmer itinérant »), est adapté à ce nouvel instrumentarium très riche et le nom du cru de ce spectacle est : « En allant à Uskudar« . Direction la Turquie peut-être ?

La rencontre avec Léa Platini

Léa Platini photo Sabine TostainIl y a quelques années lorsque j’accompagnais Clair de Lune Trio en management et programmation, Léa Platini m’avait maintes fois sollicitée pour assister aux concerts des Oreilles d’Aman. Parallèlement, j’ai su par le « réseau » d’autres amis que la jeune clarinettiste avait joué les chefs de cœur pour les Ateliers de dégustation sonore dans le quartier du Panier. Groupe de choristes avec lequel j’ai d’ailleurs pu concrétiser un concert/showcase chez l’habitant en décembre dernier avec Antoinette Trio de passage à Marseille, en connivence avec SOS Méditerranée et mon association Océan de cultures.

Depuis, nous nous sommes maintes fois croisées à des concerts où nous étions toutes deux dans le public : autant d’occasions de prendre des nouvelles de l’avancée de ses projets, de sa démarche, des questions de diffusion d’un tel projet artistique. Ce qui est à souligner surtout, c’est que Léa est une curieuse. Elle fait partie des rares artistes qui assistent à des concerts d’autres formations que les siennes pour se nourrir, échanger, écouter d’autres propositions.

Pour ce 1er décembre, j’ai reçu le signal et j’étais enfin disponible pour cette jolie date programmée à la Cité de la musique de Marseille. C’était l’occasion d’entendre sa création, mûre et dans un excellent contexte d’écoute. Petite anecdote, d’autres personnes présentes en salle ce soir-là étaient dans le même cas : la première fois disponibles et disposés à découvrir le répertoire des Oreilles d’Aman en sextet (sourires). Preuve que la ténacité et la durée d’un projet finissent par payer…

Le concert en septet

La salle était presque pleine (ou pleine ?) et c’était déjà une belle réussite et remarquable. Ce concert était programmé dans la saison par la Cité de la Musique mais pour une fois, pour des artistes basés sur Marseille, le spectacle se produit sans avoir fait de résidence dans ces murs au préalable. Ce n’était donc pas une restitution publique d’un travail à la Cité mais bien un concert d’un répertoire déjà en place.

Les Oreilles d'Aman 2018 photo Sabine TostainLe plateau était occupé par ces six musiciens en arc de cercle. La mise en lumière sobre correspondait parfaitement au voyage très riche et finement ciselé en Europe de l’Est et Europe Centrale. Moi qui craignais un univers trop sonore ou « déjà entendu » à l’annonce d’une itinérance en pays klezmer, j’avais eu tort. En effet, l’articulation des morceaux sur tout le set était parfaitement équilibré : ni trop, ni pas assez. Les cordes, les vents, les percussions étaient toutes très joliment associées et imbriquées. Une impression de « justesse » pour mes oreilles, et de respect des silences, des souffles ; ce qui est rare dans ce type d’ensemble, surtout à 6 artistes et tous majoritairement assez jeunes.

Les Oreilles d'Aman 2018 photo Sabine TostainKlezmers, Balkans, Tsiganes, peu importe finalement car le propos est presque ‘transgenre », sans faire pour autant de la compote indigeste. Selon les morceaux, certains instruments s’effacent, d’autres prennent le dessus, la voix s’ajoute parfois. C’est un voyage imaginaire et oui, il y a incontestablement un itinéraire « à l’Est » pour nous, mais surtout nord-méditerranéen ; très appréciable pour tous ceux qui – comme moi – aiment les mélanges de cultures.

Les Oreilles d'Aman 2018 photo Sabine TostainQuelle que soit la religion, quelle que soit la langue parlée, quelle que soit la source géographique d’un répertoire, il me reste à moi un souvenir de beau voyage sans frontière réelle. A l’image des nomades qui font des allers-retours sur des trajets précis, les Oreilles d’Aman font office tantôt de lutins espiègles, tantôt de guides pour nos oreilles curieuses et esprits rêveurs. Suis-je allée à Uskudar finalement ? Je ne sais pas, mais c’était bien beau… et rempli de sensibilité, de douceur, de joie ou mélancolie parfois et incontestablement, de finesses.

Bravo pour ce résultat donc, à toi Léa et à vous tous – ses complices – pour ces très beaux moments de musiques.

Les Oreilles d'Aman 2018 photo Sabine Tostain

Composition Les Oreilles d’Aman

création 2018 en sextet : « En Allant à Uskudar »

  • Léa Platini : clarinette, chant, direction artistique
  • Mathilde Dupuch : accordéon, chant
  • Thomas Bourgeois : percussions (daf, derbuka, zarb)
  • Jacotte Recolin : violon
  • Arthur Rendu : contrebasse
  • Lionel Romieu : oud, trompette, mandole

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